Quand je serre Marcel dans mes bras, je suis une maman comblée.

Mais au fond de moi, une petite voix me demande pourquoi j’ai attendu aussi longtemps…

Pourquoi j’ai autant hésité avant de vouloir être mère…

Pourquoi j’ai cru que je ne serai jamais à la hauteur…

Parce que, quand on est femme, notre temps est précieux et nos hésitations ont parfois des conséquences.

L’arrivée de bébé m’a ouvert les yeux : j’aurai aimé avoir une tribu de têtes blondes à aimer, à choyer et à protéger.

Je dois faire le deuil de cette envie.

A l’aube de mes 40 ans, mon désir de famille nombreuse paraît particulièrement idiot.

Mais pourquoi pas un deuxième ?

Je me revois devant cette fenêtre, à quelques jours de mon accouchement, et je me dis que c’est une aventure que j’aimerai vivre à nouveau.

bebe

Crédit photo Tode

Un bien joli projet me direz-vous…

Oui, mais encore faut-il le partager à deux.

J’ai réalisé récemment que mon amoureux avait un avis bien tranché.

Lors d’une réunion de famille, à la traditionnelle question « c’est pour quand le deuxième« , il a répondu « il n’y aura pas de deuxième« .

Comme ça.

Sans me consulter.

Depuis, un petit coin de mon coeur s’est brisé.

Et je sers plus fort encore mon bébé dans mes bras quand je suis seule avec lui.

Je réalise, soudain, que je n’aurai que lui.

De nombreuses grossesses voient le jour autour de nous et nous offrons volontiers les articles pour bébé dont Marcel n’a plus l’utilité.

Mais à chaque gigoteuse enveloppée, à chaque peluche emballée, je me dis que ce ne sera pas pour le petit dernier… et mon coeur se brise un peu plus…

Comment réagir quand cette divergence d’opinion se fait au sein d’un couple ?

J’ai la chance d’avoir un tout petit bébé, mais je n’ose imaginer la douleur quand il n’y en a pas du tout.

Quand l’un des deux, l’homme ou la femme, ne veut pas d’enfant alors que l’autre en ressent profondément le besoin.

Quel déchirement…

Le premier conseil auquel on pense est bien entendu d’en discuter.

Car comprendre l’autre permet parfois d’apaiser les désaccords.

Mais malgré mes allusions et mes questions, mon homme reste sans réponse.

Quand je lui dit que j’aimerai offrir un petit frère ou une petite soeur à Marcel, il me sourit, simplement.

J’ai un amoureux qui ne parle pas beaucoup, je le savais déjà.

Enfin, si, il parle beaucoup mais uniquement de ce qui est superflu.

Pour ne rien dire en fait, simplement pour faire le pitre.

Mais dès qu’il s’agit de choses importantes ou de décisions de vie, nous n’arrivons pas à communiquer.

Il m’arrive d’être envahie pas la mélancolie…

Très égoïstement, je dirai qu’aujourd’hui j’ai tout pour être heureuse.

Nous sommes sortis de la phase des couches, avons trouvé un véritable rythme.

Bien entendu que l’arrivée d’un bébé chamboule tout, qu’il soit le premier ou le deuxième.

En tout cas, pendant un certain temps.

Mais en désirant ce deuxième bébé, c’est surtout à Marcel que je pense.

Lui qui adore les enfants, qui est heureux de retrouver ses petits camarades de crèche, j’aimerai qu’il ne soit jamais seul.

Ma famille proche est très réduite.

Le jour où mes parents nous quitteront, Marcel n’aura que moi de cette lignée.

Et si, comme je l’espère, il voyagera à travers le monde pour découvrir les merveilles de notre planète et les richesses des nombreuses cultures, je me retrouverai seule dans une jolie maison de retraite.

Avec ce désir d’enfant qui s’éteint, c’est un peu comme si la peur de l’avenir m’envahissait.

Et soudain, je me sens profondément âgée et pleine de regrets…