Il ne se passe pas une journée sans que je tombe sur des commentaires, anecdotes ou insultes à propos des taxis.
Des photos de clients tabassés, des vidéos de chauffeurs Uber qui se font pourchassés…
La France a clairement opté pour le camp des VTC.
Aujourd’hui j’ai envie de donner mon point de vue (une petite parenthèse dans l’univers « poulette » habituel).
Je suis fille d’un taxi à la retraite, filleule d’un ex-taxi parisien, nièce de 3 taxis au Portugal et ex-femme d’un taxi.
Vous l’aurez compris… je baigne un peu dans l’univers depuis de looooooongues années 🙂
Je suis la première à hurler quand je monte dans un taxi parisien dégueulasse, mal-aimable, qui me balade dans la capitale et n’accepte que les espèces.
J’ai toujours été affligée de voir que certains d’entre eux trimballent des déchets à l’arrière, des canettes vides, des restes de sandwichs et j’ai même eu à subir un gars qui fumait dans son taxi parce que disait-il « c’est pas un espace public, c’est MA voiture ».
J’ai aussi eu le cas du chauffeur qui ne parlait pas un mot de français, sortait son plan à tout va ou était incapable de saisir une adresse dans un GPS.
Comme tous les parisiens, j’ai eu mon lot de cons.
J’étais d’autant plus outrée que mon entourage proche était celui de taxis de banlieue.
Il ne se passait pas un jour sans que les voitures soient nettoyées ou rangées.
Je me rappelle même de mon père sortant la cravate pour certains clients importants.
Parce que les taxis de banlieue c’est un autre univers : ils construisent leur clientèle, la fidélisent par un véritable service.
Les taxis parisiens, pour la plupart, fonctionnent sans rendez-vous, transportent des personnes qu’ils ne verront plus de leur vie.
J’ai toujours été choquée par cette approche différente du métier.
Et au final, sur Paris, je n’utilisais plus que les services Business, proches de l’état d’esprit et de la qualité des taxis de banlieue.
Donc, NON, tous les taxis ne sont pas à mettre dans le même panier.
Tous ces abrutis qu’on voit à la télé se plaindre de concurrence sont ceux qui ne voudront pas se remettre en question.
Parce que, Uber ou pas, les taxis qui font correctement leur boulot garderont leurs habitués.
Il y a une notion d’humain qui est à prendre en compte.
Des relations se confiance se créent au fil des années.
Des clients qui finissent par s’assoir à l’avant, près du chauffeur.
Des chauffeurs qui deviennent des confidents ou des amis.
Evidemment que je ne suis pas contre la création d’autres modes de transport de personnes.
Pourquoi dans tous les métiers y aurait-il des alternatives, mais que dans le cas des taxis, nous ne devrions pas avoir le choix…
Ce qui me gène, c’est le manque de cadre.
Un chauffeur de taxi passe 2 examens pour obtenir son permis d’exercer : un examen national avec des bases de compta, de langue française… et un examen local en fonction de la zone géographique dans laquelle il voudra exercer.
Après ça, il choisit de devenir artisan et achète une licence ou il choisit d’en louer une (il est alors salarié).
(Il y a déjà une différence de mentalité entre les taxis parisiens qui sont à leur compte et ont investi dans leur licence et ceux qui sont salariés et ont pris moins de risques financiers.)
Cet examen est particulièrement difficile quand notre langue maternelle n’est pas le français.
Je me revois encore faire des dictées à mon père.
Ou lui faire réciter les itinéraires de Paris : noms des rues depuis Roissy à l’Hôpital Georges Pompidou par exemple.
…
En parlant avec certains taxis parisiens, je me suis toujours demandée comment ils avaient pu avoir leur permis.
La qualité d’un métier et d’un service vient de sa formation, de la base.
Je serai curieuse de voir de quel niveau est l’examen après toutes ces années…
Sur Internet on lit tous plein d’anecdotes (négatives évidemment) sur les taxis.
Je suis même tombée sur des trucs du genre « ils me font raquer et roulent avec de grosses bagnoles ».
Bah moi je suis bien contente d’entrer dans une voiture luxueuse et récente quand je prends un taxi.
J’en ai marre des taudis tout pourris.
Et puis, au passage, ces gars passent plus de 12 heures assis derrière leur volant.
C’est leur deuxième maison et c’est aussi une façon de fidéliser des clients.
Est-ce qu’on critiquerait un commerçant qui se prendrait une boutique sur une belle avenue parisienne ?
Quoi qu’il en soit c’est un débat sans fin.
Je pense qu’il y a de place pour tout le monde et pour tous les modes de consommation.
Mais cette violence des deux bords me donne envie de vomir.
Les journalistes montrent de nombreuses images de taxis hargneux mais on voit aussi sur Internet des clients se plaindre de chauffeurs Uber.
Dans tous les conflits, il y a des extrémistes et des déséquilibrés des deux côtés.
Mais au final, aucune de ces attitudes ne sert au métier initial.
6 commentaires pour “Humeur du jour d’une fille de taxi”
Djahann
Tout ça va bien trop loin. C’était déjà compliqué avec Uber, mais ça l’est encore plus avec UberPop. C’est interdit, il faut faire appliquer la loi.
Uber ne me dérange pas car c’est légal et encadré, le second me dérange.
Mais même pour le premier, je comprends que les taxis qui payent très cher leur licence n’acceptent pas cette concurrence légale mais déloyale.
Après, je ne comprends pas une telle violence. Ce n’est pas ainsi qu’ils vont regagner leur clientèle et obtenir gain de cause.
DeboBulle
C’est un excellent article, je te remercie pour cette franchise.
Effectivement, même si je ne suis pas dans le même cas que toi (je ne connais pas de chauffeurs de taxi), je suis totalement révoltée de voir les choses prendre une telle ampleur.
La clientèle qui choisi Uber comme moyen de transport à la place d’un taxi est pour moi la même que celle qui choisi BlablaCar à la place d’une voyage en TGV : tu as besoin d’un service mais tu ne peux pas forcément y mettre le prix et donc la « qualité » est amoindrie.
Alors peut être ne suis-je pas objective : je n’ai JAMAIS pris de taxi parisien, je n’en ai pas les moyens et j’ai deux noctiliens qui passent au pied de mon immeuble. Et quitte à être franche : je n’ai pas non plus utilisé les services Uber.
Mais j’imagine ce phénomène transposé dans d’autres secteurs d’activités, comme le médical : vous vous imaginez, vous, vous faire opérer du cœur par un jardinier qui a besoin d’arrondir ses fins de mois ?? Alors certes dans ce cas là la santé entre en considération, ce qui n’est pas le cas lors d’un transport de personne, m’enfin quand même ! Chacun son métier !
Et quitte à parler d’arrondir ses fins de mois, il est tout de même à noter que certains, et c’est bien là le problème en font un revenu fixe, ce qui peut potentiellement pénaliser les taxis des grandes villes qui contrairement à ceux des banlieues comme tu le disais sont amenés à ne pas revoir leur clientèle qui se renouvelle sans cesse.
Je soutiens les taxis qui défendent leur métier, leur clientèle, leur formation, mais je donne aussi le droit à des particuliers de transporter, d’une façon ponctuelle qui doit impérativement être encadrée, des personnes pour arrondir les fins de mois.
Il serait grand temps que les pouvoirs publics se rendent à l’évidence que notre modèle économique est en pleine mutation et que le monde du travail ne tourne plus aujourd’hui autour du quatuor CDI-CDD-Intérim-Indépendant, mais qu’une multitude d’alternatives voient le jour et manquent cruellement de cadre pour se développer sans empiéter sur les autres !
Merci en tout cas pour cette tribune !
Vikie
J’avoue je n’ai pris qu’une fois le taxi dans ma ville (voiture en panne argh ^^…enfin abimée par un petit con qui a voulu me voler mon essence en coupant l’alimentation par dessous ma voiture…. par chance je ne l’ai pas trouvé snob il aurait passé de très mauvaises heures au regard de ce que j’ai du payer pour faire réparer mon véhicule…. par énorme mais ça m’a couté 1/3 de mon salaire, bref), le taxi ici était somme toute sympathique. Par contre à Paris, je ne m’y ferait plus prendre. Par deux fois, le taxi ne m’a pas trouvé, arrivé avec 30minutes de retard (bah oui quand je dis devant la rotonde, c’est devant la rotonde pas de l’autre coté du rond point…. entrée dans le taxi il y avait déjà 20 euros au compteur…. bah non suis pas d’accord moi, j’ai pas à payer le fait qu’il est incapable de me trouver. Ensuite pose pour acheter de l’eau (le compteur tourne encore…. heu non pas vraiment….) et au final, le mec qui fait du rentre dedans et qui commence à draguer, alors là mon petit gas ça va pas le faire. La seconde fois j’ai eu droit à celui qui prends des ruelles pour raie durer le trajet. Non je ne suis pas d’accord non plus, je ne suis pas parisienne mais il y a des quartiers que je connais mieux, donc le zigzag c’est niet.
La seule fois où ça a fonctionné, c’était lorsque l’hôtel a réservé le taxi pour moi, une chaine d’hôtel que je côtoie depuis des années, du coup, en tant que cliente régulière de la chaine ils sont un peu plus attentif et ils choisissent leurs taxis avec précaution pour que le client revienne. Un bavart qui m’a expliqué la ville (à 5h du matin ^^ mais c’était bougrement intéressant) et qui m’a déposé à l’aéroport sans encombre).
Je n’utilise pas Uber, puisque j’en sis pas besoin, mais j’avoue sur Paris je m’organise pour prendre le métro ou alors pou que l’hôtel soit tout proche du lieu de mon dernier rendez-vous de la journée histoire de ne pas avoir à prendre le métro trop tard.
Je comprends leur ras le bol, mais j’avoue je préfère privilégier le taxi dont je connais le chauffeur. Une fidélisation comme tu le dis si bien, qui a toute son importance. Mais pas que en Taxi pour tout le reste je fonctionne comme ça, je préfère avoir le même interlocuteur plutôt que des inconnus à chaque fois … où parfois tu a juste envie de dire.. ‘je descend’ trop dangereux…
Nag
Merci pour ton article. Je n’ai aucun lien avec les chauffeurs de taxi mais mon métier fait que je pense qu’il y a clairement un problème de concurrence entre les chauffeurs de taxi et les VTC. Je sais que la licence de taxis coûte très cher et qu’ils ne gagnent pas tous leur vie correctement. Je condamne par contre totalement les violences contre les chauffeurs d’Uber qui font ce qu’ils peuvent pour bosser et les clients… Et puis certains taxis parisiens feraient bien de balayer devant leurs portes aussi car certains sont grossiers et refusent les courses qui ne leur semblent pas assez intéressantes. Ceci dit, les problèmes légaux posés par les VTC et Uber se posent également dans tous les pays d’Europe donc la France n’est pas un cas isolé.
Galathée
Très bien vu.
On aurait dû réformer depuis bien longtemps ce secteur, on aurait pu étaler les réformes sur plusieurs années, cela aurait évité ces déchaînements de violence gratuite.
sonia
c’est drôle, ça me fait penser à moi concernant les policiers (petit ami flic, plusieurs flics dans la famille…). Je crois que, malheureusement (ou peut-être juste logique), nous voyons beaucoup midi à notre porte. du coup nous avons tendance à faire d’une généralité une anecdote pourrie. Perso pour les taxis, difficile à dire, je n’en prend quasiment jamais mais j’ai en effet souvenir d’un taxi parisien exécrable et d’un taxi de l’Essonne très sympathique en revanche. malheureusement le mouvement de la semaine dernière n’a pas franchement aidé à leur bonne image et c’est bien dommage 🙁
Concernant Uber, j’ai du mal à me faire un avis du « bien ou mal ». en effet, il est assez triste de ce dire que n’importe qui peut faire ce job, et puis au fond pourquoi pas ? pourquoi pas mais je mets un bémol…pourquoi pas si cela peut aussi s’ouvrir à d’autres professions. je pense que le diplôme à outrance bouffe la France, sincèrement. le retour du mérite, ça ça me ferait plaisir. évidemment il faut une formation, mais une formation pratique. et dans ce cas, le type qui veut vraiment réussir, même dans mon métier (rédactionnel) le pourrait. bref je m’égare car il y aurait tant à dire, et surtout qu’il ne faut pas mettre tous les oeufs dans le même panier comme tu le dis si bien