Je n’avais pas lu « Les Monologues du Vagin » également écrit par Eve Ensler.

J’avais par contre assisté à la pièce de théâtre.

4 femmes célèbres, actrice, chanteuse ou journaliste, qui s’approprient les textes recueillis par Eve Ensler au cours de ces rencontres avec les femmes « normales ».

Le titre plutôt évocateur est assez loin du contenu même de la pièce : on pense immédiatement sexualité, alors qu’il s’agit de parler du rôle de la femme dans plusieurs facettes de sa vie, de son rapport avec les hommes, de sa place dans la société…

On est souvent émus, mais on rit beaucoup aussi.

J’en ai gardé un très bon souvenir et j’ai voulu continuer l’expérience avec le dernier sorti : « Je suis une Créature Emotionnelle ».

J’adore le titre !

 

 

Le pitch fourni au dos du livre par l’éditeur :

Aujourd’hui, les filles bataillent pour choisir entre rester fortes et honnêtes envers elles-mêmes et se conformer aux attentes de la société dans le désir de plaire.

On leur apprend à ne pas être trop passionnées, trop intelligentes, trop bienveillantes…

On les encourage à étouffer leur instinct, leur indignation, leurs désirs, à obéir aux règles.

Je suis une créature émotionnelle célèbre la voix authentique qui se trouve en chaque fille et les exhorte avec inspiration à s’exprimer, suivre leurs rêves et devenir la femme qu’elles ont toujours voulu être.

Sous forme de monologues, de poèmes incantatoires et de conversations, Eve Ensler se glisse, tour à tour, dans la peau de ces adolescentes, et dévoile la vie secrète des filles autour du monde.

 

Ça donne envie hein ?

C’est sympa en tant que trentenaire de faire un bon dans le temps et de découvrir ceux que les jeunes d’aujourd’hui attendent, espèrent, désirent de leur vie de femme.

Ouais bah c’est pas du tout ça…

 

Avant de parler du contenu, parlons déjà de la mise en forme.

Certains passages sont très désagréables à lire : les phrases sont coupées de façon incohérente, parfois un mot est tout seul sur une ligne, alors qu’il est dans la continuité de la ligne précédente (et qu’il a la place d’y être !).

J’ai été assez déstabilisée par certains extraits où la lecture était vraiment difficile car il n’y avait pas de rythme dans la syntaxe.

 

Mais quoi s’il en soit, ce qui m’a beaucoup plus dérangé, c’est le contenu même du livre.

Eve Ensler a donc parcouru le monde (dit-elle) et est parti à la rencontre d’adolescentes qui lui ont parlé de leur situation de femme.

 

Nous avons la jeune chinoise, encore enfant, qui fabrique des poupées Barbie à la chaîne pendant 12h et pour un salaire de misère.

Nous avons la jeune adolescente, séquestrée, violée et enfin échappée après des années d’esclavagisme.

On y trouve également un grand nombre de jeunes femmes anorexiques, prisonnières de leur corps qu’elles veulent toujours plus maigre.

Également des enfants soldats, des dépressives, des minettes complexées…

Bref, que du bonheur !

 

Tu parles d’une représentation des adolescentes du monde !

Parler des injustices, des difficultés, des atrocités que certaines vivent malheureusement encore de nos jours, ok.

Mais c’est ça la réalité ?

La planète est-elle faite uniquement d’adolescentes violées, excisées, anorexiques, dépressives, et à qui on empêche de s’exprimer ?

Je trouve ça très racoleur comme principe et le premier sentiment que j’ai éprouvé était le malaise.

Pas parce qu’il ne s’agissait pas d’un conte de fées, mais parce qu’il n’y avait qu’une seule version qui était présentée.

 

Oui, certaines femmes sont opprimées, trop, beaucoup trop.

Mais une grande majorité vit tout de même une vie dite « normale », avec ses préoccupations quotidiennes, sa peur de l’avenir, les préjugés de ceux qui l’entoure.

Ces adolescentes-là n’ont donc pas le droit à la parole ?

Dans ce cas, Eve Ensler fait subir à ces adolescentes « normales » ce qu’elle reproche aux hommes de ce monde : ne pas laisser les femmes s’exprimer librement.